Les chefs d’entreprise retrouvent le sourire en France mais restent inquiets à l’international
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Le dernier baromètre OpinionWay réalisé pour Challenges et Grant Thornton révèle un regain de confiance chez les dirigeants français vis-à-vis de l’économie nationale. Un optimisme fragile, tempéré par de fortes inquiétudes sur la conjoncture mondiale et les tensions géopolitiques persistantes.
Le moral des patrons français semble bénéficier d’un bol d’air frais avec l’arrivée du printemps. D’après les résultats du baromètre OpinionWay pour Challenges et le cabinet Grant Thornton, l’état d’esprit des dirigeants d’entreprise repart à la hausse, notamment en ce qui concerne la situation économique de la France. Un retournement de tendance bienvenu, après plusieurs années marquées par l’instabilité et l’inquiétude, en particulier sur la scène internationale.
Un rebond de confiance sur le plan national
Cette embellie de la perception économique nationale s’explique par plusieurs éléments favorables. Le vote du budget a été perçu comme un signe de stabilité, et le climat politique, relativement calme au sein du gouvernement, contribue à rassurer les acteurs économiques. Résultat : pour la première fois depuis l’automne dernier, les dirigeants interrogés se montrent plus confiants dans l’économie française (47 % d’opinions positives) que dans celle du monde (41 %).
Si l’on n’atteint pas encore un niveau d’optimisme massif, le seuil des 50 % semble à portée de main. Toutefois, la prudence reste de mise. Seule une infime proportion de chefs d’entreprise, à peine 1 %, se déclare « très confiante ». La plupart préfèrent parler d’une « légère amélioration » ou d’une « accalmie ». Une réserve logique si l’on considère les prévisions de la Banque de France, qui annonce une croissance du PIB modérée de 0,7 % pour l’année en cours, contre 1,1 % l’an passé.
Des incertitudes géopolitiques persistantes
Si l’horizon semble se dégager en France, les inquiétudes se déplacent vers le contexte mondial. Les tensions internationales pèsent lourd sur le moral des décideurs économiques. Depuis l’invasion de l’Ukraine en 2022, les préoccupations extérieures dominent, accentuées récemment par les bombardements à Gaza et la persistance de conflits régionaux.
À cela s’ajoutent les effets toujours sensibles de la politique commerciale menée par l’ancien président américain Donald Trump. La hausse brutale des droits de douane décidée sous son mandat a déclenché une guerre commerciale dont les répercussions continuent de se faire sentir, notamment sur les chaînes d’approvisionnement et les prix à la consommation.
Selon les estimations de l’OCDE, la croissance mondiale devrait connaître un léger recul, passant de 3,2 % en 2024 à 3,1 % en 2025. Cette tendance, bien qu’assez modérée, alimente un climat de précaution chez les chefs d’entreprise, d’autant plus que les tensions géopolitiques influent directement sur les coûts de production, l’inflation et la compétitivité des entreprises exportatrices.
Un équilibre délicat à maintenir
Dans une économie aussi ouverte que celle de la France, les turbulences internationales ont rapidement des répercussions concrètes sur les résultats des entreprises. Fluctuation des prix de l’énergie, instabilité des marchés, difficultés d’approvisionnement : autant de défis que les chefs d’entreprise doivent intégrer à leurs stratégies.
Malgré tout, l’embellie perçue sur le plan national est un signal positif, preuve que les efforts de stabilisation politique et budgétaire ne sont pas vains. Le défi désormais consiste à consolider cette confiance fragile sans négliger les menaces extérieures.
Les patrons français veulent croire en une reprise, même timide. Mais leur optimisme reste conditionné à l’évolution d’un monde où les tensions commerciales et les crises géopolitiques pourraient à tout moment faire basculer la conjoncture.