Donald Trump a enclenché une série de réformes économiques radicales depuis son retour à la Maison Blanche. Soutenu notamment par Elon Musk, il a entrepris un vaste démantèlement de l’administration fédérale. Les répercussions commencent à se faire sentir, tant au niveau local que national.

Il est neuf heures du matin dans un restaurant d’Atlanta spécialisé dans les petits-déjeuners. Pourtant, ce lundi, les tables sont presque toutes vides. Le quartier, habituellement animé en semaine, est calme. Percy Williams, le propriétaire, ne cache pas son inquiétude.

« Beaucoup de nos clients sont des fonctionnaires et on ne les voit plus, ou moins souvent. On est un restaurant familial, on connaît nos habitués… et beaucoup de ces habitués ne sont pas venus, ces dernières semaines », confie-t-il, jetant un regard soucieux vers la salle presque déserte.

Des milliers de licenciements fédéraux

À Atlanta, près de 2 000 fonctionnaires ont été licenciés du jour au lendemain. Cette vague de suppressions de postes s’inscrit dans une stratégie plus large impulsée par l’exécutif américain : réduire massivement la taille de l’État. Santé publique, aide sociale, éducation… Les coupes budgétaires affectent des secteurs essentiels, avec des conséquences bien visibles sur l’économie locale.

John McIntyre, professeur d’économie à l’université GeorgiaTech et de nationalité franco-américaine, apporte un éclairage sur cette politique : « On dénombre environ 3,5 millions de fonctionnaires fédéraux aux États-Unis, un chiffre qui est resté relativement stable depuis plusieurs décennies, alors que la population, elle, a considérablement augmenté. »

Ce paradoxe soulève des interrogations : faut-il vraiment réduire davantage un appareil administratif déjà relativement contenu ? Pour McIntyre, les priorités du gouvernement Trump sont claires — et contestables.

La Défense préservée, la sécurité sociale affaiblie

Si l’objectif affiché est de réduire la dépense publique, peu d’efforts ont été réalisés du côté du budget de la Défense, pourtant le plus élevé de tous. Au lieu de s’attaquer à ce mastodonte budgétaire, l’administration Trump a choisi de tailler dans les filets de sécurité sociale, fragilisant de nombreux foyers déjà précaires.

« Le choix le plus logique aurait été de le faire dans le budget colossal de la Défense américaine… mais l’administration Trump semble plutôt déterminée à sacrifier les différentes composantes de la sécurité sociale à l’américaine, quitte à fragiliser plus encore les ménages les moins aisés », déplore l’économiste.

La suppression de programmes de soutien entraîne en effet des effets en cascade : perte de pouvoir d’achat, baisse de la consommation locale, augmentation de la précarité… Dans certaines villes, comme Atlanta, l’impact est déjà palpable.

Des hausses de prix en perspective

Mais un autre effet des réformes de Donald Trump pourrait bientôt frapper directement le portefeuille des ménages américains : le retour de politiques protectionnistes agressives. Les droits de douane imposés à certains pays exportateurs majeurs vers les États-Unis devraient provoquer une hausse notable des prix à la consommation.

Les économistes estiment que chaque foyer américain pourrait voir ses dépenses annuelles augmenter de 1 000 à 3 000 dollars, en raison du renchérissement des biens importés. Une ponction supplémentaire, qui risque d’accentuer les inégalités dans un contexte déjà tendu.

Les prochains mois diront si cette « Trump-économie », brutale dans sa mise en œuvre, tiendra ses promesses de croissance et d’indépendance économique. Pour l’instant, ce sont les petites entreprises, les foyers modestes et les services publics qui en paient le prix fort.