Viande et RSE : pourquoi les entreprises doivent prendre le virage de la transition alimentaire ?
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Face aux mutations sociétales, les entreprises sont invitées à revoir leur copie en matière d’alimentation. Dans ce contexte, réduire la consommation de viande s’impose comme un levier stratégique fort dans leur politique de responsabilité sociétale (RSE).
En France, les habitudes alimentaires évoluent à grande vitesse. La consommation de viande, jadis au cœur de l’assiette des Français, est en net recul. Une tendance lourde, qui ne doit rien au hasard : préoccupations environnementales, impératifs économiques, sensibilisation au bien-être animal… Ces nouveaux facteurs dessinent les contours d’un avenir alimentaire plus végétal. Selon un baromètre 2025 mené par Harris Interactive pour le Réseau Action Climat, 53 % des Français ont réduit leur consommation de viande au cours des trois dernières années.
Un tournant sociétal qui bouscule les modèles d’entreprise
La transformation des comportements alimentaires n’est pas qu’un phénomène individuel. Elle s’inscrit dans une dynamique collective qui interpelle directement les entreprises. Si 52 % des Français évoquent des raisons économiques pour justifier leur réduction de viande, d’autres motivations, comme la santé (38 %), la protection de l’environnement (35 %) et le bien-être animal (33 %), illustrent une prise de conscience globale.
Autant d’arguments qui poussent les entreprises à intégrer cette transition dans leur stratégie RSE. Ce n’est plus seulement une question de marketing responsable ou d’image : c’est un enjeu stratégique, de cohérence et de performance durable.
Réduire la viande : un choix écologique fort
Le lien entre production de viande et crise climatique est aujourd’hui bien documenté. L’élevage représente près de 14,5 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, d’après la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture). Ce secteur est également l’un des plus gourmands en ressources naturelles : il accapare 70 % des terres agricoles mondiales et nécessite des volumes d’eau faramineux – jusqu’à 15 000 litres pour produire un kilo de bœuf, contre seulement 1 600 litres pour un kilo de blé.
Pour une entreprise soucieuse de son empreinte écologique, repenser l’offre alimentaire constitue donc un levier direct de réduction des impacts. En diminuant la place de la viande, elle contribue à la préservation des ressources, à la lutte contre le réchauffement climatique, et à un usage plus éthique des terres et de l’eau.
Répondre aux attentes des consommateurs et des salariés
Les consommateurs d’aujourd’hui ne se contentent plus d’acheter : ils veulent comprendre, choisir, et parfois même militer à travers leurs achats. Près de 8 Français sur 10 se disent prêts à réduire leur consommation de viande si cela permettait de mieux rémunérer les éleveurs et de garantir une meilleure qualité des produits.
En parallèle, les salariés – en particulier les plus jeunes – attendent de leur employeur des engagements clairs sur ces enjeux de société. Pour les entreprises, adopter une politique alimentaire plus durable, c’est aussi renforcer la fidélisation, l’engagement et le bien-être au travail.
Comment passer à l’action ? Des leviers concrets à activer
1. Repenser la restauration collective
Modifier les menus proposés dans les cantines d’entreprise constitue une première étape accessible. Il ne s’agit pas de bannir la viande, mais d’en réduire la part au profit de repas végétariens plus fréquents, variés et attractifs. Lorsque la viande est servie, elle peut provenir d’élevages locaux, bio ou certifiés, garantissant une qualité supérieure et des pratiques plus durables.
Certaines grandes entreprises comme Danone ou Sodexo ont déjà franchi ce cap en augmentant la place des protéines végétales dans leurs offres. Cette évolution peut également s’accompagner d’actions de sensibilisation, pour encourager les salariés à adopter une alimentation plus équilibrée.
2. Soutenir des filières responsables
Pour les entreprises directement concernées par l’achat ou la vente de viande – dans l’agroalimentaire, la distribution ou la restauration – il est essentiel de s’engager aux côtés de producteurs responsables. Cela passe par une sélection rigoureuse des fournisseurs : viandes issues d’élevages respectueux de l’environnement, circuits courts, limitation des importations issues d’élevages intensifs…
Cet engagement peut aussi se traduire par un soutien actif aux éleveurs français engagés dans des pratiques durables, participant ainsi au maintien d’une agriculture locale et éthique.
3. Accompagner les clients vers une consommation plus responsable
Les entreprises peuvent aussi jouer un rôle éducatif auprès de leurs clients. Affichage environnemental sur les produits, valorisation d’alternatives végétales gourmandes, campagnes de communication sur l’impact climatique de l’alimentation… Autant d’initiatives qui permettent de guider les consommateurs sans les culpabiliser.
Alors que 82 % des Français estiment que les grandes surfaces n’agissent pas suffisamment pour améliorer la qualité de la viande proposée, il existe une réelle opportunité pour les marques de se différencier positivement.
Une stratégie gagnante sur tous les fronts
Réduire la consommation de viande n’est plus un simple geste individuel : c’est une responsabilité collective à laquelle les entreprises peuvent pleinement participer. En intégrant cette dimension dans leur politique RSE, elles répondent à une attente forte de la société, tout en anticipant les mutations réglementaires et économiques à venir.
Entre gains environnementaux, fidélisation des talents et valorisation de leur image, les entreprises ont tout à gagner à miser sur une alimentation plus durable. La viande ne disparaît pas des assiettes – mais elle change de rôle. Et c’est aux entreprises de l’aider à trouver sa juste place.