La France à la recherche de financements pour son « économie de guerre »
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Face à un contexte international en mutation, le gouvernement français explore diverses options pour financer le réarmement du pays. L’objectif est ambitieux : doubler le budget de la Défense, passant de 50 à 100 milliards d’euros, et atteindre 3 % du PIB. Cette initiative vise à compenser le désengagement des États-Unis sous l’administration Trump, qui a incité les pays européens à renforcer leurs capacités militaires.
Un emprunt national envisagé
Parmi les pistes envisagées, un emprunt national pourrait être mis en place. Cette solution permettrait de lever des fonds auprès des citoyens français, sur une base volontaire ou obligatoire. Bien que cette idée ne soit pas nouvelle – le dernier grand emprunt remonte à 1993 sous Édouard Balladur – elle pourrait offrir une alternative intéressante aux emprunts sur les marchés financiers, où les taux d’intérêt ont récemment augmenté.
Le Premier ministre François Bayrou a évoqué cette possibilité, tout en précisant qu’aucune décision n’a encore été prise. Il s’est donné quelques semaines pour déterminer comment mobiliser des ressources supplémentaires sans compromettre le modèle social français ni augmenter les impôts ou le déficit public.
Les avantages d’un emprunt national
Selon Eric Dor, directeur des études économiques à l’IESEG School of Management, un emprunt national présenterait plusieurs avantages. Il permettrait de ne pas s’adresser directement aux marchés financiers, où les taux sont actuellement élevés. De plus, cela pourrait rassurer les investisseurs en démontrant la capacité de l’État à mobiliser facilement l’épargne nationale. Enfin, cela pourrait même contribuer à faire baisser les taux sur les marchés, comme ce fut le cas pour la Belgique en 2023.
La question de la rémunération
Pour attirer les épargnants, l’emprunt national devrait offrir un rendement supérieur à celui des produits d’épargne existants, tels que le Livret A ou les fonds d’assurance vie. Cependant, le taux d’intérêt devrait rester inférieur à celui des emprunts à dix ans émis sur les marchés, car l’État n’est pas contraint de s’aligner sur ces taux. Des avantages fiscaux pourraient également être proposés pour rendre l’offre plus attractive.
L’épargne des Français : une ressource précieuse
Avec plus de 2 000 milliards d’euros dans l’assurance vie et plus de 600 milliards dans les Livrets A et LDDS, l’épargne des Français représente une manne importante. Le gouvernement envisage de créer un livret d’épargne spécifique pour la défense, bien que cette idée ait été rejetée par le Conseil constitutionnel en 2023. Une autre piste consisterait à orienter une partie de l’épargne réglementée existante vers le secteur de la défense.
Mobilisation des acteurs financiers
Le ministre de l’Économie, Eric Lombard, et le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, réuniront des banques, assurances et fonds d’investissement le 20 mars pour les mobiliser en faveur de l’industrie de la défense. Actuellement, les règles limitent souvent les investissements dans ce secteur.
Le soutien européen
La France pourra également compter sur une partie des 800 milliards d’euros de fonds européens, dont 150 milliards sous forme de prêts. L’eurodéputé Raphaël Glucksmann a proposé un « emprunt commun de 500 milliards » qui sera soumis au Parlement européen la semaine prochaine.
En somme, le gouvernement français explore diverses options pour financer son réarmement sans compromettre son modèle social ni augmenter la pression fiscale. L’emprunt national, bien que non confirmé, pourrait jouer un rôle clé dans cette stratégie.