La consommation d’eau en France pourrait connaître une augmentation significative d’ici 2050, voire doubler, si le réchauffement climatique se poursuit et si les comportements actuels demeurent inchangés, selon un rapport du Commissariat général à la stratégie et à la prospective (France Stratégie). Ce rapport a été réalisé suite à la commande d’Élisabeth Borne, alors Première ministre, au printemps 2023, après la mise en place du Plan Eau visant à réduire la consommation d’eau.

Le constat est préoccupant : en prenant l’année 2020 comme référence, où les prélèvements d’eau étaient estimés à environ 5 milliards de mètres cubes, le rapport souligne qu’en cas d’intensification du réchauffement climatique et d’une aggravation des sécheresses, la consommation d’eau pourrait augmenter de 102 % d’ici 2050 dans un scénario tendanciel. Même dans un scénario plus favorable où des politiques publiques seraient mises en œuvre pour maîtriser la consommation, l’augmentation resterait de 72 %. Le principal facteur de cette croissance est l’augmentation des besoins en irrigation.

L’impact du réchauffement climatique se traduit également par une diminution de l’eau douce renouvelable, qui a déjà chuté de 14 % au cours des dix dernières années. Cette baisse a conduit à des tensions sur l’utilisation de l’eau, particulièrement dans certaines régions et à des moments critiques de l’année. Bien que des solutions telles que les retenues d’eau de substitution (méga-bassines) soient envisagées, leur effet reste limité, réduisant la consommation de seulement 6 % lors des pics de demande.

Dans un scénario de rupture, caractérisé par une approche plus sobre de l’énergie et un mix énergétique moins dépendant du nucléaire, la consommation d’eau pourrait baisser, mais même dans ce cas, les besoins pour l’irrigation continueraient d’augmenter de 40 %. Ce rapport met en lumière les défis à venir pour la gestion des ressources en eau, soulignant l’importance d’agir rapidement pour prévenir une crise de l’eau à l’échelle nationale.