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Le risque France : un avenir économique incertain

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Le risque France : un avenir économique incertain

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Par Didier Maurin, Président de Katleya Advisor S.A. à Genève.

La France traverse une période délicate, marquée par un nombre record de faillites de PME. Ce phénomène, qui touche également son principal partenaire commercial, l’Allemagne, est particulièrement préoccupant. Les indicateurs économiques continuent de se détériorer, et avec eux, la perspective d’une vague de nouvelles faillites. L’éventualité d’une cessation de paiements de l’État français n’est plus une hypothèse totalement inconcevable, surtout si une crise internationale, à l’image de celle des « subprimes » de 2007-2008, devait éclater.

À l’heure actuelle, la dette publique française s’élève à plus de 7 000 milliards d’euros, incluant les engagements hors bilan. Ce niveau d’endettement soulève des inquiétudes quant à la capacité de l’État à amortir de futurs chocs économiques. En cas de nouvelle crise mondiale, il est fort probable que la France, déjà affaiblie par cette dette colossale, ne puisse plus faire face à ses obligations. Une telle situation aurait des conséquences dramatiques non seulement pour l’économie nationale, mais aussi pour la stabilité sociale du pays.

Une dérive de plusieurs décennies

Comment la France en est-elle arrivée là ? Cette situation ne s’est pas construite du jour au lendemain. Il faut remonter à environ quarante ans pour comprendre la trajectoire économique du pays. Durant cette période, la France a fait le choix de surtaxer les ménages et les entreprises, tout en s’endettant à des niveaux inquiétants. Plutôt que d’investir dans des projets structurants ou de renforcer sa compétitivité sur la scène internationale, l’État a préféré distribuer généreusement des ressources pour financer des dépenses sociales.

Ce choix a eu des conséquences néfastes pour les entreprises françaises, qui, soumises à une pression fiscale élevée, ont progressivement perdu en compétitivité face à leurs concurrentes étrangères. De nombreuses entreprises n’ont pas pu survivre dans cet environnement, notamment dans un contexte de mondialisation accrue où les écarts de taxation deviennent un facteur clé de compétitivité.

En refusant d’adapter son modèle économique aux réalités du marché globalisé, la France a négligé les principes fondamentaux de gestion que tout ménage connaît bien : il est dangereux de dépenser plus que ce que l’on possède. Aujourd’hui, les premiers signes de cette mauvaise gestion sont visibles, avec une conjoncture qui se dégrade rapidement.

Un danger accru en cas de crise mondiale

Le danger se fait d’autant plus pressant à l’échelle internationale. La dette mondiale a atteint un niveau sans précédent, dépassant les 300 000 milliards de dollars. Selon de nombreux économistes, un krach obligataire mondial est une possibilité réelle. Si un tel événement se produisait, les États, dont la France, se retrouveraient dans l’impossibilité de se financer sur les marchés, tandis que les taux d’intérêt exploseraient.

L’exemple de la Grèce, lors de son dépôt de bilan, illustre bien ce risque. Le pays avait vu ses taux d’intérêt grimper à 35 %, rendant impossible le remboursement de sa dette. Pour la France, avec une dette officielle de 3 200 milliards d’euros, un scénario similaire entraînerait des coûts d’intérêt annuels astronomiques. Au lieu de payer les 60 milliards d’euros actuels, l’État serait contraint de débourser 1 120 milliards d’euros, une somme totalement insoutenable.

Dans un tel contexte, la France pourrait être contrainte de déclarer une cessation de paiements. Pour faire face à cette situation, l’État n’aurait d’autre choix que de saisir une partie de l’épargne des Français, qu’il s’agisse des dépôts bancaires ou des fonds en assurance-vie. Cette perspective, aussi radicale qu’elle puisse paraître, n’est plus une simple vue de l’esprit.

Vers un risque de crise sociale ?

La combinaison de ces facteurs économiques et financiers ouvre la voie à un autre scénario redouté : celui d’une crise sociale profonde. La précarité croissante, les faillites en chaîne, et la perte de confiance dans les institutions pourraient exacerber les tensions politiques et sociales. Dans un tel contexte, l’émergence d’un climat de guerre civile, opposant extrême-droite et extrême-gauche, ne peut être exclue.

Certains historiens soulignent que la France a déjà connu par le passé des périodes de grande instabilité sociale, et que les conditions actuelles pourraient être propices à un nouveau cycle de violences politiques. Le mécontentement, nourri par la crise économique, pourrait trouver un terreau fertile chez des populations désillusionnées par l’incapacité de l’État à redresser la situation.

Que faire face à ce risque ?

Il est encore possible d’éviter un tel scénario, mais cela nécessitera des réformes profondes. La France doit impérativement réduire son endettement, réformer son système fiscal et encourager l’innovation et l’investissement. Les décisions prises dans les prochaines années seront cruciales pour déterminer si le pays parviendra à éviter la catastrophe annoncée ou s’il sombrera dans une crise sans précédent.

L’heure est donc à la prise de conscience et à l’action. Le temps n’est plus aux demi-mesures, mais à une refonte complète des politiques économiques et sociales pour redonner à la France une chance de renouer avec la prospérité.

 

 

* En partenariat avec Katleya Advisor S.A.

 

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