La France annonce un effort de 45 milliards d’euros pour protéger le pays de la hausse des coûts énergétiques
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Le ministre des Finances Bruno Le Maire a indiqué que la hausse des prix de l’énergie sera plafonnée à 15 % et présenté les principaux éléments du projet de loi de finances.
Le gouvernement français prévoit de consacrer 45 milliards d’euros à la protection des ménages et des entreprises contre les chocs énergétiques dans le cadre d’un budget axé sur la réduction de l’inflation.
Le ministre des Finances, Bruno Le Maire, a déclaré que l’augmentation du coût du gaz et de l’électricité serait plafonnée à 15 % à partir de janvier. Les hausses des prix du gaz et de l’électricité sont actuellement plafonnées à 4 % jusqu’à la fin de l’année dans le cadre de ce que l’on appelle le bouclier tarifaire.
Présentant les principaux éléments de son projet de loi de finances pour 2023 lundi, M. Le Maire a déclaré qu’il était financé « jusqu’au dernier euro » et que la priorité numéro 1 du gouvernement était de lutter contre l’inflation dans une période d’incertitude sans précédent due à la guerre de la Russie contre l’Ukraine.
« Le défi le plus important et le plus urgent pour la France et les autres nations européennes est de faire baisser la pression de l’inflation », a déclaré le ministre aux journalistes lundi. « Nous ne voulons pas augmenter les impôts et nous voulons protéger les ménages », a-t-il ajouté.
Les prélèvements spéciaux sur les entreprises du secteur de l’énergie devraient permettre de réduire le coût net du plafonnement des prix pour le pays de 45 milliards d’euros à 12 milliards d’euros. M. Le Maire a déclaré que 3 milliards d’euros seraient mis de côté pour aider les entreprises françaises menacées par la flambée des prix de l’énergie, en particulier celles « exposées à la concurrence internationale ».
L’État français est l’actionnaire majoritaire d’EDF, le premier fournisseur d’électricité du pays – il s’est engagé à prendre le contrôle total de l’entreprise – et détient une participation majoritaire dans Engie (anciennement Gaz de France).
Dans une interview accordée au Journal du Dimanche, le ministre des comptes publics, Gabriel Attal, a déclaré que le plafonnement du prix du carburant « bloquerait la hausse des factures de gaz et d’électricité à 15% au lieu de 120% ». Sans le plafonnement des prix de 4 % de cette année, basé sur les prix de novembre 2021 – trois mois avant l’invasion de l’Ukraine par la Russie – le ministère a estimé que les factures françaises auraient augmenté de 60 % pour le gaz et de 45 % pour l’électricité.
« Le budget que nous présentons est [un] budget de protection », a déclaré M. Attal.
Les tranches de l’impôt sur le revenu seront également augmentées de 5 % l’année prochaine afin d’atténuer partiellement les effets de l’inflation, ce qui signifie qu’une personne gagnant 2 000 euros par mois bénéficiera de 200 euros de plus, a ajouté M. Attal. La tranche d’imposition la plus élevée pour les personnes gagnant plus de 169 000 euros restera à 45 %.
Bruno Le Maire a également annoncé des augmentations de salaire pour les enseignants ainsi que 10 000 nouveaux emplois dans la fonction publique, dont 2 000 nouveaux enseignants, et le financement de 6 000 logements pour les réfugiés et les demandeurs d’asile.
Il a indiqué que l’inflation devrait se maintenir à environ 6 % dans les prochains mois avant de tomber à 4 % en 2023. La deuxième priorité du gouvernement est de maintenir les dépenses publiques dans les limites de 5 % de la production du pays, afin de les ramener à la limite de 3 % du PIB fixée par l’UE d’ici à 2027, et de réduire la dette publique – qui devrait atteindre le niveau record de 270 milliards d’euros l’an prochain – à partir de 2026, a ajouté M. Le Maire.
Selon les prévisions économiques publiées au début du mois, la croissance de l’économie française devrait tomber à 1 % l’an prochain, contre 2,7 % cette année. Toutefois, le Haut Conseil des finances publiques, un organisme indépendant, a déclaré que les prévisions de croissance du gouvernement étaient optimistes.
Le gouvernement doit faire adopter le budget par un parlement fragile, ayant perdu sa majorité à l’Assemblée nationale lors des élections législatives qui ont eu lieu avant l’été.
Réforme des retraites : en cas de vote de défiance, Emmanuel Macron pourrait dissoudre le Parlement
Si l’opposition française devait créer une coalition et voter une motion de censure pour faire tomber le gouvernement, le président Emmanuel Macron n’exclut pas la possibilité d’une dissolution de l’Assemblée nationale (la chambre basse du Parlement français bicaméral). Le ministre du Travail, Oliver Dussopt, a fait cette remarque sur Lci Tv.
« Si toutes les oppositions devaient créer une coalition pour adopter une motion de censure pour faire tomber le gouvernement – a indiqué M. Dussopt – Emmanuel Macron demanderait aux Français et ce serait leur choix de décider quelle nouvelle majorité ils veulent pour les représenter. Et, bien sûr, nous ferons campagne pour soutenir le Président ».
M. Dussopt a été nommé par le Président pour engager de nouveaux contacts sur le projet controversé de réforme des retraites à partir de la semaine prochaine.
Le gouvernement a décidé de prendre son temps sur la réforme, qui a été fortement contestée, et a lancé un nouveau cycle de consultation avec les partenaires sociaux et les partis politiques dans le cadre d’une loi nationale « d’ici la fin de l’hiver », selon l’annonce du Premier ministre Elisabeth Borne.
Mme Borne a également ajouté que la réforme des retraites doit entrer en vigueur « à l’été 2023 ». Un projet de réforme est un risque pour le gouvernement car il ne dispose plus de la majorité relative à l’Assemblée nationale, comme c’était le cas lors du précédent mandat d’Emmanuel Macron. Cela pourrait ne lui laisser d’autre option que de se représenter au vote de confiance, un pari risqué qu’il pourrait ne pas gagner.