RE 2020 : plus de bois pour décarboner le secteur de la construction
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La nouvelle réglementation environnementale (RE 2020) entrera en vigueur le premier janvier 2022. Elle prévoit un recours accru au bois, afin de diminuer l’impact carbone de la construction des bâtiments. La filière bois est mobilisée pour être au rendez-vous de cette réglementation ambitieuse qui s’apparente à une révolution des modes constructifs.
À travers la mise en place de la nouvelle réglementation environnementale des bâtiments neufs, le ministère de la Transition Écologique souhaite impulser « une transformation de la manière de construire » les futurs bâtiments. Une priorité pour le gouvernement, alors que le secteur représente 44 % de la consommation d’énergie et près de 25 % des émissions de CO2. Chaque année, il émet ainsi plus de 123 millions de tonnes de C02, ce qui en fait « l’un des domaines clés dans la lutte contre le réchauffement climatique et la transition énergétique », selon l’exécutif.
Réduire cet impact de plus de 30% en 10 ans : c’est l’objectif ambitieux que s’est fixé le gouvernement, qui prévoit, pour y arriver, d’activer différents leviers de décarbonation. La réglementation doit ouvrir la voie à des bâtiments qui consommeront moins d’énergie (une énergie décarbonée) et qui seront adaptés aux fortes chaleurs. Pour diminuer l’impact sur le climat des bâtiments, la réglementation favorisera des modes constructifs qui émettent peu de gaz à effet de serre, ce qui induit un recours accru au bois et aux matériaux bio-sourcés, qui présentent l’avantage de stocker du carbone pendant la durée de vie du bâtiment. Le gouvernement souhaite que ces évolutions soient conduites progressivement afin de laisser le temps aux professionnels de s’approprier ces nouveaux modes constructifs bas-carbone.
Favoriser la mixité des matériau
La mixité des matériaux sera encouragée, avec des constructions combinant du bois et du béton, dans l’objectif de réduire les émissions liées à la construction des bâtiments. La production du béton, composé aux deux tiers de sable, est fortement émettrice de gaz à effet de serre. D’après une étude du cabinet Carbone 4 publiée en 2014, construire en structure bois plutôt qu’en béton permettrait d’éviter une part significative des émissions liées au gros-oeuvre : en moyenne, 55% pour une maison individuelle et 60% pour un logement collectif. Construire en bois issu de forêts gérées durablement, comme c’est le cas en France, permet aussi de créer un puits de carbone. Alors que la production de 1 m3 de béton émet 471 kg de CO2, à contrario, 1 m3 de bois massif CLT – un matériau de construction à base de bois – stocke 460 kg de CO2.
La mixité des matériaux commence à être prise en compte dans les formations, comme en Ile-de-France, où le Centre Gustave Eiffel, un CFA et Bouygues Bâtiment France Europe élaborent une formation spécifique. De quoi contribuer à faire évoluer les compétences des professionnels, mais aussi, de renforcer l’attractivité du secteur. L’introduction du bois dans le bâti pourrait être un atout pour favoriser la mixité des métiers, estime ainsi Eliot Meriel responsable des ressources humaines de Bouygues Bâtiment France Europe : « le bois a plein d’atouts pour rehausser le niveau d’attractivité du métier d’ouvrier sur les chantiers. Les chantiers sont plus propres, et nécessitent moins de ports de charge. Ces métiers souffrent de moins de barrières à l’entrée lorsque l’on a pas eu de formation préalable. Avec l’essor des constructions mixtes, nous pourrons faire monter plus facilement en compétences nos collaborateurs, et accueillir plus de femmes compagnons dans nos équipes. »
Confort thermique
Le bois présente aussi des atouts en matière de confort thermique des bâtiments, grâce à la faible inertie du bois. Contrairement à la pierre ou au béton, le bois n’absorbe pas les calories, ni les frigories d’une pièce. Ces qualités isolantes sont intéressantes pour contribuer au confort thermique des habitants des bâtiments, alors que le réchauffement climatique va accélérer l’ampleur et le nombre des canicules. Le Gouvernement a en ce sens souhaité que la RE2020 puisse intégrer la notion de confort d’été, pour des habitats confortables, même en cas de pics de chaleur.
Les qualités du bois ne s’arrêtent pas là. Il présenterait aussi des effets physiologiques surprenants. En 2019, une étude scientifique sur le sujet de la santé des personnes dans les bâtiments en bois a été lancée par des chercheurs du CHU de Nantes. Ces derniers ont constaté une diminution avérée de la fréquence cardiaque et de la pression artérielle des habitants. Des résultats confirmés par une étude japonaise du laboratoire Toshiharu Ikaga. D’autres études sont envisagées pour confirmer l’impact positif du bois sur la qualité de vie au travail et sur le sommeil.
C’est donc un rôle majeur que se voit attribuer la filière bois dans la RE2020. Pour accompagner l’entrée en vigueur de la réglementation, la filière a lancé en février 2021 un “Plan Ambition Bois Construction 2030” afin de soutenir la relance en faveur de l’émergence de bâtiments durables. Pour être au rendez-vous de l’ambition gouvernementale et des objectifs climatiques, les professionnels du secteur ont fixé dix engagements portant notamment sur la formation des professionnels, le développement de l’emploi, la recherche et le développement, le soutien à l’économie des territoires, le développement de l’offre en bois français ou encore le recyclage des bois en fin de vie.
Pour répondre à la hausse attendue de la demande en bois, la filière s’appuiera sur des capacités de production réparties sur tout le territoire national. Forte d’une croissance constante, la forêt française métropolitaine pourrait fournir le bois nécessaire, estime la filière, qui souligne que contrairement aux idées reçues, la forêt française présente un potentiel additionnel de prélèvements. Chaque année, seul 60% de l’accroissement naturel des forêts est récolté.