Face au « tout-numérique », l’isolement des seniors
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« Les seniors sont une large majorité à posséder un smartphone, mais pour quels types d’usages ? », se demandent Celside Insurance et Harris Interactive, dont le dernier baromètre indique qu’ils ne sont que 30 % à se servir de leur smartphone pour faire des recherches sur Internet. Plutôt problématique face à la dématérialisation des démarches administratives, par exemple.
À votre avis, les nouveaux usages digitaux sont-ils l’apanage des plus jeunes uniquement ? Si la question de l’adaptation des seniors au « tout-numérique » se posera de moins en moins, dans les prochaines décennies, force est de constater qu’elle est encore légitime aujourd’hui. Et ce pour quelques années encore. En revanche, on est loin du constat sans appel ! Finis, les premiers temps de l’Internet, quand les « anciens » peinaient à utiliser ces outils révolutionnaires ; place à l’appropriation croissante du numérique, dorénavant, via l’accès aux smartphones notamment par les seniors.
Le spécialiste de l’assurance des appareils connectés a publié, avec Harris Interactive, un nouvel épisode de La vie numérique des Français, en se focalisant sur les 65 ans et plus. Qui, à 98 %, possèdent un ordinateur, ou un smartphone (84 %), voire une tablette (63 %) selon le baromètre. Autre enseignement : 28 % des seniors possèdent au moins deux smartphones, et près de la moitié (48 %) utilise son téléphone une fois par semaine ou plus pour prendre des photos et des vidéos. Ils sont près de 62 % de la classe d’âge interrogée à se dire prêts à investir dans un smartphone reconditionné.
« Au final, les seniors sont une large majorité à posséder un smartphone, mais pour quels types d’usages ? », se demandent Celside Insurance et Harris Interactive. Dont le baromètre indique que s’ils sont plus d’un sur deux à passer au moins deux heures par jour sur leur ordinateur, ils ne sont que 30 % à se servir de leur smartphone pour faire des recherches sur Internet, 18 % à consulter leurs comptes bancaires, et 27 % à scroller sur leurs réseaux sociaux.
« Acquérir une compétence »
Si les 65 ans et plus ont largement accès aux équipements numériques, tous ne sont pas pour autant à l’aise avec ces outils. C’est l’avis de Patricia Croutte, chargée d’études et de projet au Crédoc (Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie), qui a analysé l’effet des confinements à répétitions sur les usages digitaux de la population. « Les seniors ont passé un cap pour certaines choses, par exemple l’utilisation des messageries instantanées dont ils se sont emparés pour passer des appels vidéo ou envoyer des messages », explique-t-elle.
Mais il existe encore des freins, selon elle, puisque seuls 13 % des retraités se disent « très compétents » avec un ordinateur, contre 31 % en moyenne dans la population. « Les nouvelles technologies, les équipements, les réseaux n’arrêtent pas d’évoluer, donc il faut non seulement acquérir une compétence, mais la faire évoluer avec le temps, ce n’est pas simple et ça l’est de moins en moins avec l’âge », estime Patricia Croutte. Celle-ci de prendre l’exemple des consultations médicales en ligne, qui ont concerné, en 2020, 26 % de la population, contre 13 % des retraités seulement.
C’est là que le bât blesse. De l’avis de plusieurs analystes, certaines personnes âgées semblent dépassées face à des démarches administratives, notamment, qui se sont numérisées de manière exponentielle ces dernières années. Résultat : nombre de seniors peinent à se frayer un chemin entre les différentes plateformes Internet, applications, messageries informatiques… Sans compter que tous n’ont pas une confiance aveugle dans ces nouveaux outils, en raison des risques de piratage.