Stage de troisième : avec le Covid-19, l’entreprise s’invite dans les classes
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Cette année, le stage d’observation en entreprise pour les collégiens était facultatif, en raison de la crise sanitaire. Certaines entreprises, comme Total, la Française des jeux ou EDF, ont développé des initiatives inédites pour permettre à des jeunes de bénéficier d’une première expérience professionnelle en dépit du contexte.
La crise du Covid-19 n’en finit pas de bousculer le déroulement de l’enseignement et de la formation. Cette année, certains élèves de troisième, en France, n’ont pas pu effectuer le traditionnel stage d’observation en entreprise, qui permet pourtant à ces jeunes de découvrir le monde professionnel – afin, pourquoi pas, de leur donner quelques idées de métier. En octobre dernier, le ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer, annonçait effectivement qu’en raison de la pandémie, cette semaine immersive, normalement obligatoire, serait rendue facultative.
Une situation préjudiciable, en particulier dans les milieux défavorisés, où les conditions ne sont pas toujours remplies pour assurer à chaque élève un stage professionnel épanouissant. Selon Marie Duru-Bellat, sociologue de l’éducation et ancienne conseillère d’orientation, si le stage d’observation est à n’en pas douter « une expérience enrichissante », « les jeunes utilisent les réseaux familiaux pour trouver un stage de troisième, mais ces réseaux ne débouchent pas sur les mêmes emplois en fonction du milieu social des parents et de l’endroit où ils habitent. En milieu rural ou dans certaines banlieues, par exemple, les opportunités ne sont pas les mêmes que dans les grandes agglomérations ». Un écart qui pourrait s’élargir, malheureusement, avec la crise du Covid-19, si jamais les stages étaient amenés, sur le moyen terme, à être facultatifs.
« Innovation sociale » chez EDF
Pour ne pas priver les jeunes des quartiers prioritaires de la ville de ce premier aperçu du monde professionnel, des associations, comme Alliance pour l’éducation, proposent d’inverser les choses en invitant l’entreprise au collège, par visioconférence. Et des sociétés comme Total, Korian et la Française des jeux ont d’ores et déjà souhaité participer à cette démarche. Qui, pourquoi pas, pourrait se répéter dans les prochaines années, afin de permettre à tous les élèves de découvrir le monde de l’entreprise.
En Bretagne, EDF, grand pourvoyeur d’emplois dans la région (7 000), s’est associé à Entreprendre pour apprendre, une fédération de 16 associations régionales qui s’est donné pour mission d’éveiller la curiosité des jeunes, afin de permettre aux élèves, malgré la crise, de découvrir le milieu professionnel. Sur quatre jours, des collégiens accompagnés par des salariés du groupe EDF ont découvert les différents services qui composent une entreprise, en participant à des « phases de créativité » et en assistant à des « prises de décision collectives », avant de devoir rendre un travail qu’ils ont présenté devant un jury professionnel et académique.
Un stage pas comme les autres pour ces mini-entrepreneurs, pour qui la découverte de l’entreprise peut parfois être déterminante pour l’orientation scolaire et professionnelle. « Plus que jamais, les innovations sociales sont essentielles à la performance de notre entreprise, et aussi au rôle que nous avons à jouer pour la relance économique et sociale du pays, estime Christophe Carval, le directeur exécutif chargé des ressources humaines chez EDF. Cette action témoigne de notre mobilisation collective pour la jeunesse ».
Une initiative inspirante qui pourrait impulser une dynamique chez d’autres acteurs. Car comme le reconnaissait l’an dernier Benoît Serre, le vice-président délégué de l’association nationale des DRH, « accueillir un stagiaire de troisième en période normale, l’insérer dans une équipe, ce n’est pas toujours facile, mais alors en ce moment, c’est encore plus compliqué ».