Les chauffeurs Uber peuvent prétendre au statut d’employé, selon un tribunal britannique
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Uber a subi une importante défaite syndicale sur son plus grand marché européen ce vendredi, lorsque la Cour suprême de Grande-Bretagne a décidé que les conducteurs devaient désormais être classés comme des travailleurs ayant droit à un salaire minimum et à des vacances.
L’affaire était suivie de près en raison de ses ramifications au sein de l’économie numérique, dans laquelle des entreprises comme Uber s’appuient sur une main-d’œuvre tentaculaire d’entrepreneurs indépendants pour assurer des trajets en voiture, livrer de la nourriture et nettoyer des maisons.
Uber et d’autres entreprises de l’économie numérique disent que leur modèle donne à ces auto-entrepreneurs la possibilité de choisir quand ils travaillent, tandis que les critiques affirment que le modèle a érodé les protections de l’emploi et la relation traditionnelle entre l’entreprise et les employés.
Le tribunal a statué que, bien qu’Uber a déclaré qu’il ne s’agissait que d’une plateforme technologique reliant conducteurs et passagers, elle se comporte davantage comme un employeur en fixant les tarifs, en attribuant des trajets, en exigeant des conducteurs qu’ils suivent certains itinéraires et en utilisant un système de notation pour s’assurer de la discipline des conducteurs.
« Les conducteurs sont dans une position de subordination et de dépendance par rapport à Uber, de sorte qu’ils ont peu ou pas de capacité à améliorer leur position économique grâce à leurs compétences professionnelles ou entrepreneuriales », a ainsi indiqué Lord George Leggatt, de la Cour suprême, en lisant le jugement. « En pratique, la seule façon dont ils peuvent augmenter leurs revenus est de travailler plus longtemps tout en respectant constamment les mesures de performance d’Uber ».
Uber a combattu les efforts des conducteurs britanniques pour être classés comme travailleurs au cours des cinq dernières années, en faisant appel de la décision jusqu’à la plus haute cour du pays. La décision de « vendredi » ne devrait initialement concerner que les 25 chauffeurs qui ont porté l’affaire devant le tribunal, mais elle est considérée comme un précédent pour les autres dans tout le pays.
Après la décision, un tribunal du travail décidera de la manière de récompenser les conducteurs et de la manière dont la décision affectera les autres conducteurs à l’avenir.
Uber a cherché à minimiser la portée de la décision, affirmant qu’elle ferait pression sur le tribunal du travail pour que la portée de cette décision soit limitée.
L’entreprise a déclaré que la décision ne devrait concerner qu’un petit nombre de conducteurs et qu’elle ne l’obligerait pas à reclasser tous ses conducteurs en tant que travailleurs.