La banque centrale française suggère d’élargir le mandat de la BCE
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M. Villeroy de Galhau ouvre une voie indépendante sur la révision monétaire.
François Villeroy de Galhau, le gouverneur de la Banque de France, a résolument défendu une nouvelle approche monétaire européenne en suggérant que la Banque centrale européenne élargisse plus directement son mandat opérationnel au-delà du simple objectif de stabilité des prix.
Dans un discours habile esquissant l’idée d’un symposium OMFIF-Banque de France sur la transformation numérique de la monnaie, M. Villeroy de Galhau a déclaré que la révision stratégique de la BCE irait bien plus loin que la refonte du cadre monétaire de la Réserve fédérale américaine. Le gouverneur français, l’un des membres les plus anciens du conseil des gouverneurs de la BCE, qui compte 25 personnes, a confirmé sa réputation de pionnier indépendant sur des questions souvent controversées au cœur de l’élaboration des politiques européennes.
La BCE a pris note de la décision du Federal Open Market Committee, décrite dans les changements de politique de la Fed du 27 août, d’adapter une stratégie de « rattrapage » qui pourrait corriger les déficits d’inflation passés. L’examen de la BCE contiendra des domaines de continuité avec les politiques de la Fed, ainsi que des différences éventuelles, a déclaré M. Villeroy de Galhau. Elle est plus étendue que celle du FOMC, car elle couvrira, entre autres, les changements structurels, le changement climatique, la stabilité financière et les effets de la numérisation.
Le gouverneur a soigneusement évité les débats controversés sur la prolongation du programme d’achat d’urgence de 1,35 milliard d’euros en cas de pandémie au-delà de l’été prochain ou son intégration dans les mesures d’assouplissement quantitatif existantes de la BCE. Il a toutefois mis fin à ce qu’il a appelé « les bavardages sur le fait que la BCE est à court de munitions », en soulignant la grande marge de manœuvre dont bénéficient les 174 milliards d’euros de programmes de la BCE visant à fournir des liquidités aux banques.
Il a déclaré au séminaire que l’objectif d’inflation de la BCE, actuellement « proche de, mais inférieur à 2% », devait être flexible, symétrique et à moyen terme. Nous pourrions être prêts à accepter une inflation supérieure à 2 % pendant un certain temps, sans déclencher mécaniquement un resserrement de notre politique monétaire ».
La stabilité des prix, objectif principal de la BCE, a été inscrite dans les traités européens. Notre examen stratégique ne s’en écartera pas d’un pouce. Toutefois, il a souligné que le cadre juridique de la BCE n’était pas « un mandat purement unique – il s’agit plutôt d’un mandat à deux niveaux ». Il comprend au moins deux autres objectifs : soutenir les politiques économiques générales dans l’Union », contribuant entre autres à « une économie sociale de marché, visant le plein-emploi et le progrès social » et « la stabilité du système financier ».
Il a évoqué la possibilité de remodeler les paramètres de stabilité des prix de la BCE. La continuité est un atout positif, mais l’inclusion des « logements occupés par leurs propriétaires » dans l’indice harmonisé des prix à la consommation [la principale mesure de l’inflation de la BCE] est fréquemment, et à juste titre, suggérée par le grand public. Comme vous le savez, la mesure de l’inflation préférée de la Fed, l’indice des prix des dépenses de consommation personnelle, inclut ces dépenses ».
Le gouverneur a suggéré de restructurer l’analyse monétaire de la BCE. De nombreux observateurs ont estimé que « le deuxième pilier de l’analyse monétaire de la BCE semble toucher à sa fin », puisqu’il « est progressivement tombé en désuétude ». Cependant, il a indiqué « une voie alternative, plus adéquate que de le laisser disparaître ». Cela pourrait inclure « une concentration sur les agrégats nominaux, alors que le premier pilier se concentre par nature sur les prix et les volumes ». Et elle pourrait également englober un objectif « secondaire » de la BCE tel que la stabilité financière.