Covid-19 : le secteur aérien s’organise
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Frappées de plein fouet par l’épidémie de coronavirus, les compagnies aériennes se doivent de réagir dans l’urgence, en prenant des décisions souvent difficiles, mais nécessaires. Il en va de leur survie.
Plus de 100 milliards d’euros : c’est le montant, estimé, des pertes que devrait enregistrer cette année le secteur aérien, sans doute l’un des plus exposés aux conséquences de la propagation mondiale du Covid-19. Sans mesures fortes, immédiates et coordonnées, de la part tant des gouvernements que des compagnies, le secteur pourrait totalement s’effondrer d’ici à deux mois. Si les autorités publiques réagissent en ordre dispersé, les compagnies aériennes n’ont, dans l’ensemble, pas tardé à décider de mesures d’urgence afin de faire face à la crise la plus grave de leur histoire commune.
Des mesures radicales, mais nécessaires pour le secteur aérien
Lundi 16 mars, le groupe Air France KLM a annoncé la réduction de 80% de son offre de vols, ainsi que le licenciement probable de 3 000 de ses quelque 40 000 collaborateurs. Outre-Manche, la compagnie British Airways a réduit, jusqu’à la fin du mois de mai, de 75% le nombre de sièges qu’elle met en vente, et elle a prévenu ses employés de prochaines, et nombreuses, suppressions d’emplois. De leur côté, les compagnies low cost Ryanair et Easyjet ont également annoncé une réduction drastique de leurs opérations aériennes, de l’ordre de 80%.
La situation est toute aussi alarmante en Allemagne, où la compagnie Lufthansa a annulé plus de 20 000 vols jusqu’à la fin du mois d’avril. Exploitant 750 avions, la toute puissante entreprise allemande a décidé de clouer au sol 150 appareils, dont 25 long-courriers et 125 court et moyen-courriers. Une décision lourde de conséquences financières, un avion immobilisé coûtant 80 000 euros par jour à son propriétaire. Lufthansa va par ailler geler les nouvelles embauches et proposer à ses salariés de prendre des congés sans solde.
Les compagnies non-européennes ne sont pas davantage épargnées. À l’image de Cathay Pacific, qui s’est résolu à maintenir au sol 120 appareils, soit la moitié de sa flotte. Au Kazakhstan, Air Astana a suspendu ses vols entre sa base de Nur-Sultan et l’aéroport Paris-CDG, au moins jusqu’au 31 mai 2020, et Hong-kong, tout en diminuant drastiquement la fréquence de ses liaisons avec Séoul. Et, au Maroc, la compagnie nationale Royal Air Maroc (RAM) fut la première au monde à suspendre l’intégralité de ses vols vers l’Italie, après avoir fait de même avec la Chine. À l’instar de ses concurrents, RAM a également annoncé, par la voix de son PDG Abdelhamid Addou, un plan d’austérité et une « réduction de la voilure ».
Aussi difficiles que nécessaires, ces mesures radicales s’accompagnent, la plupart du temps, de gestes commerciaux en direction des clients des compagnies aériennes. RAM, Qatar Airways et Air France leur proposent ainsi le remboursement de billets sous forme de bons d’achat, Lufthansa ne s’engageant de son côté qu’à échanger les billets. D’autres entreprises du secteur, comme Transavia et Ryanair, se montrent quant à elles moins généreuses, refusant d’indemniser les passagers qui annulent leurs voyages.
Une première compagnie dépose le bilan
Spectaculaire, la réaction des acteurs du transport aérien est à la mesure des dangers qui planent sur leur activité. Leur survie est en jeu. Sans mesures draconiennes, les grandes compagnies mondiales pourraient en effet connaître le sort de Flybe, une compagnie régionale britannique qui, le 5 mars, a annoncé l’arrêt de tous ses vols avec « effet immédiat » et son dépôt de bilan. Certes affaiblie depuis de longs mois – elle avait frôlé la faillite il y a un an de cela –, Flybe, qui transportait 8 millions de passagers par an vers 170 destinations européennes, laisse sur le carreau quelque 2 000 salariés. Et présage de jours sombres pour un secteur aérien en plein trou d’air.