Conversion d’uranium : un marché important en France ?
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Garant du savoir-faire français en matière d’énergie nucléaire, Orano (ex-Areva) continue de développer sa technologie en même temps que ses parts de marché dans le secteur, et notamment dans la conversion d’uranium. À Tricastin (Drôme) et Malvési (Aude), le groupe tricolore ne cesse d’investir pour rester leader dans son domaine.
Connue pour son parc nucléaire le plus dense du monde (58 réacteurs sur 643 km2, soit près d’un réacteur tous les 10 km2), la France est aujourd’hui un acteur majeur dans la production d’énergie nucléaire, mais aussi dans l’ensemble du cycle du combustible. En l’absence de gisements d’uranium suffisamment rentables comme en Australie, au Canada, en Namibie, au Kazakhstan ou au Niger, l’industrie nucléaire française est devenue experte dans la gestion du cycle du combustible, de la transformation au recyclage en passant par l’enrichissement, la fabrication et le traitement. Depuis la modernisation de son usine de Malvési, près de Narbonne, en 2016, Orano voit son activité particulièrement décoller dans la conversion de l’uranium. Réceptionnant près d’un quart de la production mondiale (15 000 tonnes par an) sous une forme solide surnommée « yellow cakes » (« gâteaux jaunes »), le groupe tricolore y opère diverses opérations de nettoyage, de concentration et de transformation en hexaflorure d’uranium gazeux avant d’acheminer l’atome purifié vers son site de Tricastin, près de Pierrelatte, ou celui d’un concurrent tel qu’Urenco, Rosatom ou Usec. Là, il est de nouveau transformé et enrichi afin de faire grimper le taux d’uranium 235 de 0,71 % à entre 3 et 5 % pour pouvoir ensuite le fragmenter dans les centrales nucléaires et produire de l’électricité.
Malvési : l’usine de conversion la plus moderne au monde
Au vu de la disponibilité des réserves mondiales d’uranium pour encore au moins 100 ans selon l’OCDE, Orano n’a pas hésité à investir près de 500 millions d’euros dans son centre de Malvési, et même 4 milliards d’euros dans celui de Tricastin ces 10 dernières années. Avec un carnet de commande plein pour la décennie à venir, le géant de l’atome prévoit d’injecter 300 millions d’euros supplémentaires dans chacun des sites d’ici cinq ans afin de rester leader mondial du traitement de l’uranium. Dans la Drôme, les ateliers de son usine Comurhex II sont ainsi les plus modernes de la planète. Seuls trois autres structures de conversion de l’uranium existent dans le monde, eu égard à la complexité de ce processus réalisé en France sous la stricte surveillance de l’ASN (Autorité de sûreté nucléaire). Sa mise en service après une modernisation d’envergure à l’été 2016 a permis d’améliorer grandement ses performances environnementales : la consommation d’eau a ainsi été divisée par 10 (soit 1,5 millions de m3 par an en moins), celle d’ammoniac réduite de 75 %, tandis que l’acide nitrique et la potasse utilisés sont maintenant recyclés à 50 %. La sécurité du site a également été renforcée pour résister aux catastrophes naturelles et améliorer les conditions de travail des 250 salariés et de la centaine d’employés sous-traitants. D’autres projets d’innovation sont actuellement en préparation, comme la création d’une station de traitement des effluents liquides nitratés afin de supprimer à terme les bassins d’évaporation, de protéger le site des conséquences d’un épisode pluvieux majeur et de conditionner un déchet de très faible activité stockable définitivement par l’Andra (Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs).
Des parts de marché en progrès pour Orano aux Etats-Unis et en Asie
Seul site de transformation en Europe, l’usine de Malvési exporte logiquement la majorité de l’uranium converti vers l’étranger, qui représente 70 % du chiffre d’affaires d’Orano. Suite à la fermeture de l’usine de conversion américaine ConverDyn en 2017, le groupe français a récupéré son activité et prévoit, à court terme, d’occuper 40 % des parts de marché aux États-Unis. Malgré la concurrence accrue des autres sources d’énergie, le prix de la conversion a explosé dans le monde, passant de 5 à 9 dollars par kilo de minerai, selon Philippe Knoche, directeur général d’Orano. Stimulée par une demande en électricité qui ne faiblit pas, son activité devrait continuer à croître outre-Atlantique, comme en Asie, où la Chine et l’Inde construisent de nouveaux réacteurs. « 20 % de notre chiffre d’affaires est aujourd’hui réalisé en Asie, assure Philippe Knoche. Nous souhaitons porter cette part à 30 % d’ici à 2020. » D’ici 2030, le continent asiatique concentrera en effet la moitié du marché de la conversion d’uranium. Une aubaine pour Orano, qui entend conforter le leadership français en matière de nucléaire pour encore de nombreuses années…