Commerce extérieur : la Chine est-elle en train de damer le pion à la France ?
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Les entreprises françaises ne sont pas les seules à vouloir saisir les opportunités d’affaires au Maghreb. La Chine est en train de s’imposer comme un partenaire commercial de poids et oblige la France à céder des parts de marché, alors que son solde commercial est en perte de vitesse. Seules les technologies résistent à la dégringolade générale.
100 millions d’euros. C’est le recul accusé par le déficit commercial français entre septembre et octobre pour atteindre 4,6 milliards d’euros. Il y a de quoi s’inquiéter, surtout que certaines zones sur lesquelles la France pouvait compter auparavant, le Maghreb en particulier, sont assaillies par d’autres prétendants commerciaux. En particulier le géant chinois.
» Entre 1998 et 2005, l’Union européenne (UE) a conclu des accords avec les pays du Maghreb afin de libéraliser progressivement les échanges dans l’espace méditerranéen. Ainsi, l’UE est à la fois le premier client (58 % des exportations du Maghreb en 2012) et le premier fournisseur du Maghreb (52 % des achats). La France est le premier pays partenaire du Maghreb, avec 13,5 milliards d’exportations en 2013, soit 15,2 % de parts de marché, devant l’Espagne (10,6 %) et la Chine (10,1 %). Cependant, l’UE est en perte de vitesse et perd 14 points de parts de marché entre 2003 et 2012, principalement la France (-11 points). A l’inverse, la Chine gagne du terrain parmi les fournisseurs et occupe désormais le 3ème rang (5ème rang en 2003 avec 4,4 % de parts de marché) « , observaient les Douanes après avoir rappelé que les exportations françaises vers le Maghreb comptent pour 3,1 % du total des ventes. 44 % vont vers l’Algérie, 29 % vers le Maroc et 27 % vers la Tunisie.
Si tous les secteurs accusent le coup, un bastion résiste un peu mieux que les autres toujours selon les Douanes : celui des technologies. Ce sont les exportations de produits pharmaceutiques qui souffrent le plus. Depuis 2003, la France a perdu 17 points de parts de marché, mangés par la Suisse et la Belgique. Elle reste néanmoins le premier fournisseur au Maghreb.
Pour le moment, la situation est sur le déclin mais est encore sauve puisque le solde est excédentaire, s’élevant à 2,1 milliards d’euros en 2013. Mais la question est de savoir combien de temps cela va durer. Le Maghreb, s’il ne compte que pour 3,1 % du total des ventes de la France à l’export, pèse néanmoins dans la balance commerciale. Voir ce poste entamé, alors que le solde commercial de la France avec les pays émergents de la zone asiatique est déficitaire par ailleurs, n’est pas pour rassurer.
La France n’a pas tellement les moyens de se passer de ce marché de 80 millions d’habitants et pourvu d’un PIB de 346 milliards de dollars en 2012, « un acteur économique important selon les douanes », stratégiquement situé entre l’Afrique du Sud et le Nigeria. Qui plus est, il représente une porte d’entrée sur le marché africain, très prometteur.
Depuis quelques temps, les entreprises françaises ont même décidé de considérer autrement ces pays, non plus seulement comme des marchés mais comme des lieux d’implantation où les conditions de production sont attractives. Ceci afin d’exporter ensuite depuis le Maghreb vers l’Afrique ou pour réimporter vers la France ou l’Union européenne.
Voilà qui aurait de fortes chances de mettre la France dans le rouge du fait de la baisse mécanique des exportations qui découlerait de ces implantations, si elles avaient tendance à se confirmer.
La hausse des investissements français ces dernières années dans cette zone est éloquente. Depuis 2003, ils ont augmenté deux fois plus rapidement que l’ensemble des investissements français à travers le monde. En dix ans, ils ont été multiplié par trois pour atteindre la rondelette somme de 11,2 milliards en 2012. Le Maroc est la destination privilégiée de ces investissements directs étrangers (IDE) alors que l’Algérie et la Tunisie ont moins la côte. La situation est donc à surveiller de près.