Trajectoire budgétaire : une réduction du déficit réaffirmée, mais à un rythme plus modéré
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Le gouvernement doit présenter demain en conseil des ministres une nouvelle version de sa trajectoire budgétaire. Si les ajustements par rapport au précédent plan sont minimes, l’exécutif continue de viser un retour sous les 3 % de déficit public à l’horizon 2029, malgré un contexte économique et politique incertain.
La France s’apprête à mettre à jour sa stratégie de redressement budgétaire. Demain, les ministères de l’Économie et des Comptes publics dévoileront en conseil des ministres une version légèrement corrigée de leur plan de finances publiques, baptisé « plan budgétaire et structurel à moyen terme » (PSMT). Le cap reste inchangé : ramener le déficit public sous la barre des 3 % du produit intérieur brut (PIB) d’ici 2029, conformément aux exigences européennes. Mais les moyens pour y parvenir devront s’adapter à un environnement plus difficile que prévu.
Des ajustements légers sur les prochaines années
Selon les premiers éléments présentés mardi en conférence de presse par le Haut-Commissaire au Plan François Bayrou, les nouvelles prévisions modifient à la marge celles envoyées en octobre dernier à la Commission européenne. Pour 2024, le déficit public devrait s’établir à 5,8 % du PIB, un niveau particulièrement élevé en comparaison avec le reste de la zone euro.
L’objectif est de le réduire à 5,4 % dès cette année, en déployant un effort budgétaire estimé à 50 milliards d’euros. En 2026, une nouvelle réduction est prévue pour atteindre 4,6 %, reposant principalement sur une baisse des dépenses à hauteur d’environ 40 milliards d’euros. Les années suivantes confirment une trajectoire de repli progressif : 4,1 % en 2027, puis 3,4 % en 2028. Ces chiffres traduisent un léger relèvement par rapport aux prévisions initiales (respectivement 4,0 % et 3,3 %).
L’objectif européen repoussé à 2029
Malgré ces ajustements, le gouvernement maintient sa promesse de respecter les règles budgétaires européennes. Toutefois, alors que la plupart des pays de la zone euro prévoient de passer sous les 3 % bien avant cette échéance, la France vise désormais 2029, avec un objectif final de 2,8 %.
Un calendrier plus long, justifié par l’ampleur du déficit actuel, mais aussi par une dette publique qui continue de peser lourdement sur les finances nationales. En 2024, elle atteint déjà 113 % du PIB – soit plus de 3 300 milliards d’euros – et devrait encore progresser jusqu’à 118,1 % en 2027, avant un léger reflux à 117,2 % en 2029. Seules la Grèce et l’Italie affichent une dette plus importante dans l’Union.
Croissance modérée et climat d’instabilité
Le redressement des comptes publics intervient dans un climat économique morose. Les prévisions de croissance ont été revues à la baisse : pour 2025, le gouvernement n’espère plus qu’une progression de 0,7 % du PIB. En 2026, la croissance serait de 1,2 %, contre 1,4 % prévu en octobre. Elle atteindrait ensuite 1,4 % en 2027, en léger recul par rapport aux 1,5 % anticipés auparavant.
Ce ralentissement reflète un environnement global tendu : conflit commercial entre les États-Unis et la Chine, incertitudes politiques en France à l’approche des échéances électorales, et volonté de l’Europe de renforcer sa défense face aux menaces géopolitiques, notamment en provenance de Russie.
Aucune hausse d’impôt prévue, mais des choix à venir
François Bayrou a profité de sa prise de parole pour alerter sur les dangers d’un endettement excessif. « La dette est un piège, elle menace la survie de notre pays », a-t-il lancé. Mais le Haut-Commissaire au Plan a écarté toute hausse d’impôts en 2026, préférant miser sur un cadrage rigoureux des dépenses.
Les grandes orientations du prochain budget devraient être précisées avant le 14 juillet, en amont des débats parlementaires prévus à l’automne. Cette annonce devra clarifier les arbitrages à venir, alors que les marges de manœuvre de l’exécutif sont étroites.
Une stratégie sous surveillance
En maintenant sa trajectoire de retour à l’équilibre tout en refusant d’augmenter les prélèvements obligatoires, le gouvernement prend un pari risqué. La crédibilité de ce plan sera scrutée de près par les institutions européennes, les agences de notation et les marchés financiers, tous attentifs à la capacité de la France à tenir ses engagements budgétaires.
Reste à voir si cette stratégie, reposant presque exclusivement sur des économies structurelles, pourra se traduire concrètement dans les projets de loi budgétaires à venir. Le rendez-vous de ce jeudi marquera une première étape clé dans cette tentative de redressement.