Guerre Israël-Hezbollah : l’économie libanaise au bord de l’effondrement
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Déjà frappée par une crise financière qui perdure depuis 2019, l’économie du Liban est à nouveau mise à rude épreuve par le conflit entre Israël et le Hezbollah. Selon un rapport publié par la Banque mondiale le 14 novembre, les conséquences de cette guerre sont estimées à 8,5 milliards de dollars, avec des pertes qui se répercutent sur tous les secteurs clés du pays. L’étude évoque notamment la destruction ou l’endommagement de 100 000 logements, tandis que 170 000 personnes ont perdu leur emploi.
Une économie déjà fragilisée
Depuis 2018, le PIB du Liban a connu une chute vertigineuse, passant de 54 milliards de dollars à 20 milliards en 2023. Cette année, il pourrait encore diminuer de 15 %, estime l’économiste Walid Abou Sleiman. L’absence de données fiables issues des institutions libanaises complique les évaluations, mais la tendance est claire : la guerre a aggravé une situation économique déjà désastreuse. Les infrastructures nationales ont subi de lourds dommages, avec des coûts évalués à 3,4 milliards de dollars, notamment dans les secteurs de l’eau, des routes et de l’électricité. À elle seule, la réparation des réseaux électriques représenterait une facture de 400 millions de dollars.
Tourisme et agriculture en crise
Le tourisme, qui constituait 25 % du PIB libanais, est en chute libre. L’agriculture, concentrée dans des régions comme la plaine de la Bekaa et le Sud, est également gravement touchée. Des milliers d’oliviers et d’autres cultures ont été détruits par les bombardements, et beaucoup d’agriculteurs ont dû abandonner leurs terres. Le prix de l’huile d’olive, produit emblématique de la gastronomie locale, a bondi de 50 %, aggravant encore davantage les difficultés des ménages.
Une société au bord du gouffre
Les petites et moyennes entreprises (PME), qui constituent le cœur du tissu économique libanais, subissent de plein fouet les effets de la guerre. Environ 50 000 PME ont réduit leurs effectifs, impactant directement le pouvoir d’achat des habitants. En parallèle, la population s’appuie de plus en plus sur les transferts financiers de la diaspora libanaise et sur une économie en grande partie basée sur les transactions en espèces.
Un avenir incertain
La guerre a non seulement détruit les infrastructures et réduit les opportunités économiques, mais elle a également éloigné les investisseurs étrangers. Déjà découragés par le manque de transparence et l’instabilité politique, ces derniers préfèrent désormais investir dans des pays comme Chypre ou la Jordanie. Selon Walid Abou Sleiman, une réforme du système bancaire est indispensable pour restaurer la confiance, tant au niveau national qu’international. Cependant, le gouvernement libanais semble ignorer les recommandations répétées du Fonds monétaire international (FMI), compromettant toute perspective de redressement économique.
Sans une mobilisation rapide, que ce soit à travers des réformes internes ou le soutien de la communauté internationale, le Liban risque de sombrer davantage, même si le conflit venait à cesser.