L’impact de la guerre sur l’économie israélienne : entre ralentissement et déséquilibre
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Depuis le 7 octobre 2023, l’économie israélienne subit un ralentissement majeur, impactée par la guerre la plus longue de son histoire. Les conséquences sont visibles à tous les niveaux.
Un exemple flagrant de cette crise économique est le secteur de la construction. À Katamon, ancien quartier palestinien de Jérusalem Ouest, un chantier de résidence de luxe, initialement prévu pour mai 2024, ne sera pas terminé avant mai 2025. La raison ? La guerre a forcé l’arrêt des travaux pendant deux mois et a engendré une pénurie de main d’œuvre. En réponse à l’annulation des permis de travail de 170 000 ouvriers palestiniens, Israël a recruté des travailleurs étrangers, mais ceux-ci ont dû être formés, ce qui a entraîné des coûts supplémentaires. Paradoxalement, certains ouvriers palestiniens travaillent illégalement sur les chantiers, ce qui témoigne de la dépendance du pays à leur main-d’œuvre.
Le secteur du BTP représente environ 6 % du PIB israélien, et sa contraction a eu des répercussions sur d’autres secteurs clés. L’industrie, le tourisme, les services et même la haute technologie, qui a longtemps été un moteur de croissance, sont en déclin. La mobilisation de 7 % des employés du secteur tech dans les réserves de l’armée a aggravé cette pénurie. Les investissements étrangers dans les start-up se font rares, en raison de la perception d’Israël comme un pays risqué.
Les chiffres sont alarmants : selon la Banque d’Israël, les coûts directs de la guerre pourraient atteindre 55,6 milliards de dollars d’ici 2025, soit 10 % du PIB. Le budget militaire a doublé, passant de 60 à 120 milliards de shekels. Cette situation a creusé le déficit public, qui dépasse aujourd’hui les 8 % du PIB. Pour financer ces dépenses, le gouvernement a choisi de réduire les dépenses publiques et d’augmenter les taxes indirectes, comme la TVA.
Les perspectives économiques sont incertaines, avec un projet de budget pour 2025 qui ne semble pas offrir de solution à long terme. Ce climat d’incertitude pourrait aggraver les inégalités dans un pays où un quart de la population vit sous le seuil de pauvreté. Toutefois, les préoccupations économiques semblent loin d’être la priorité pour la population, toujours focalisée sur les enjeux sécuritaires et humanitaires liés à la guerre.