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La consommation de drogue intégrée au PIB : une décision de l’Insee, pas d’Emmanuel Macron

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La consommation de drogue intégrée au PIB : une décision de l’Insee, pas d’Emmanuel Macron

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Éric Piolle, le maire de Grenoble, déclaré lundi dernier qu’Emmanuel Macron avait « intégré la consommation de drogue » dans le calcul du PIB de la France. Cette affirmation soulève des questions sur la manière dont la consommation de drogues illicites est considérée dans les comptes nationaux.

Effectivement, depuis 2018, la France prend en compte le trafic de drogue, ainsi que sa consommation, dans son produit intérieur brut (PIB). Cependant, cette décision ne provient pas directement du chef de l’État, mais résulte d’une initiative de l’Insee, l’Institut national de la statistique et des études économiques, qui agit de manière indépendante. À l’époque, le ministère de l’Intérieur a précisé que le gouvernement ne pouvait que reconnaître la décision de l’Insee, qui répondait à une demande d’Eurostat visant à harmoniser les statistiques économiques au sein de l’Union européenne. Avant cette intégration, la France se trouvait dans une position minoritaire, de nombreux pays ayant déjà inclus les revenus liés à la drogue dans leurs comptes nationaux.

L’Insee justifie cette inclusion par plusieurs raisons. D’abord, elle affirme que la nature légale ou illégale d’une transaction ne devrait pas déterminer son enregistrement dans la comptabilité nationale. Ainsi, des activités comme la contrebande de tabac sont déjà prises en compte dans le PIB depuis 2005. De plus, l’Insee estime que le consentement des consommateurs de drogue est respecté, contrairement à d’autres activités, comme la prostitution, qui ne sont pas intégrées pour cette raison.

Quant à l’évaluation du chiffre d’affaires du trafic de drogue, il s’agit d’un défi, car il s’agit d’un marché illégal difficile à quantifier. Pour estimer l’impact de ce trafic sur la richesse nationale, l’Insee s’est appuyée sur des travaux réalisés par la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (MILDECA) et l’Institut national des hautes études de la sécurité et de la justice (INHESJ). En 2016, un rapport commandé à l’INHESJ a estimé le chiffre d’affaires lié à la drogue en France, fixant une fourchette entre 1,5 et 3,2 milliards d’euros, avec une estimation préférentielle de 2,3 milliards d’euros pour l’année 2010. En actualisant ces chiffres pour 2014, l’Insee a obtenu un montant plus élevé de 2,7 milliards d’euros par an, représentant une augmentation de 0,1 point de PIB lorsqu’ils sont intégrés à la richesse nationale.

En somme, la déclaration de Piolle souligne un sujet complexe lié à la comptabilité nationale, mais il est important de noter que l’inclusion de la consommation de drogue dans le PIB est une mesure technique initiée par l’Insee, et non une directive de l’Élysée.

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