Les prix du gaz et du pétrole atteignent des sommets historiques en raison des craintes liées à l’offre russe
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Le ministre français de l’économie a prévenu que les gens devront « faire plus attention à leur consommation » après que le prix du gaz naturel en Europe a bondi de 60 % lundi et que le pétrole est proche de son record de 2008, dans le sillage de la crise en Ukraine.
Le prix du gaz naturel a atteint un nouveau record historique sur le marché européen lundi, alors que les États-Unis et l’Union européenne ont discuté de sanctions énergétiques à l’encontre de la Russie après son invasion de l’Ukraine le 24 février.
La Russie fournit 40 % des importations européennes de gaz et les craintes d’une perturbation de cet approvisionnement ont fait grimper le prix de référence du marché européen, le TTF néerlandais, à un nouveau record de 345 euros par mégawattheure (MWh).
Le prix du pétrole a également augmenté en raison d’un éventuel embargo occidental sur le pétrole russe.
Le baril de Brent de la mer du Nord approchait dimanche soir les 140 dollars (128 euros), proche de son record historique de 147,50 dollars en juillet 2008.
2 euros le litre ?
On craint en France que le seuil des 2 euros le litre d’essence soit bientôt atteint.
« C’est dans tous les esprits », prévient Michel-Édouard Leclerc, patron du groupe d’hypermarchés Leclerc qui compte quelque 660 stations-service. « Cela va se passer cette semaine à Paris », a-t-il déclaré lundi à la radio Francinfo.
« Il y aura une augmentation d’environ 10 centimes par litre cette semaine, dans à peu près toutes les stations-service de France ».
Boycott du pétrole et du gaz
Deux semaines après l’incursion russe, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a exhorté ses alliés occidentaux à prendre des sanctions supplémentaires contre Moscou, notamment en boycottant son lucratif secteur pétrolier et gazier.
« Le pétrole russe sent le sang ukrainien aujourd’hui », a déclaré le ministre des Affaires étrangères Dmytro Kuleba dans une allocution télévisée dimanche. « L’acheter, c’est financer les crimes de guerre russes ».
La France applique ses sanctions et saisit le superyacht d’un magnat du pétrole russe.
L’Europe verse en effet à la Russie quelque 700 millions d’euros par jour pour son approvisionnement en pétrole et en gaz.
Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, a déclaré plus tôt dimanche que les États-Unis et l’Union européenne discutaient « très activement » de la possibilité de cibler les combustibles fossiles russes alors que le conflit s’intensifie.
L’Europe divisée
Les Européens, cependant, sont prudents quant à la fermeture des robinets.
L’Allemagne, qui assure la présidence tournante du G7, importe de Russie environ 55 % de son gaz et 42 % de son pétrole et de son charbon.
La ministre des affaires étrangères, Annalena Baerbock, a déclaré qu’un boycott énergétique serait inutile car il ne pourrait pas être maintenu à long terme.
« Cela ne sert à rien si, dans trois semaines, nous découvrons qu’il ne nous reste que quelques jours d’électricité en Allemagne et que nous devons donc revenir sur ces sanctions », a-t-elle déclaré à un radiodiffuseur public allemand.
Dans une autre interview, elle a ajouté que l’Allemagne était prête « à payer un prix économique très, très élevé », mais « si demain, en Allemagne ou en Europe, les lumières s’éteignent, cela ne va pas arrêter les chars ».