Le bois et la forêt, des métiers d’avenir
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Au sein de ses 400 000 emplois, la filière bois-forêt rassemble de nombreux métiers. Parfois méconnus, ces métiers sont pourtant au cœur de la transition environnementale. Encouragée par de nouvelles réglementations qui privilégient le recours au bois, notamment dans la construction, la filière multiplie les recrutements.
En forêt, des métiers parfois méconnus mais toujours nécessaires
Avec la levée progressive des restrictions sanitaires, les terrasses en bois font florès. Restaurateurs, mais aussi particuliers se montrent intéressés et enchaînent les commandes, au point que la demande explose et que les fabricants peinent à suivre. Comme chez Vosges Thermo Bois, qui fabrique entre 600 et 800 m2 de terrasse par jour, “du jamais vu ” selon un employé. Ce n’est pourtant là qu’un exemple de produit issu du bois, le bout de la chaîne d’une filière qui emploie près de 400 000 personnes sur le territoire, soit 1,7% de l’emploi en France. Plus que l’automobile avec ses 285 000 emplois. Et pourtant, qui peut se targuer de bien connaître les métiers de la forêt ?
Alors que la forêt française représente un tiers du territoire, et que le bois s’impose comme un matériau au cœur de la transition environnementale, les métiers de la filière sont parfois méconnus du grand public. En première ligne, les agents de l’Office national des forêts (Onf) sont au cœur de la gestion durable des forêts publiques. Ce sont eux qui permettent au grand public de se promener en forêt domaniales ou communales, en assurant son entretien afin que chacun puisse y accéder en toute sécurité. Séverine Rouet, de l’Onf Île de France Ouest, rappelle à ce titre que « Les forêts, ce sont des espaces naturels potentiellement dangereux, donc l’ONF intervient en coupant les arbres dangereux, en élaguant les branches mortes ». Un entretien quotidien des forêts qui contribue aussi à les maintenir en bonne santé. Parfois au risque d’incompréhensions : « Souvent, quand on nous interpelle en nous disant ‘vous coupez tous les arbres’, je réponds ‘revenez la saison prochaine, vous verrez la végétation aura repris, les arbres auront repris du volume”, répond l’agent de l’Onf qui présente son métier comme celui d’un “chef d’orchestre” de la forêt. Fabienne Delabouglise, déléguée régionale de l’interprofession Fibois, témoigne : “ La forêt a besoin de l’homme. Il nous faut mieux expliquer la palette des métiers à disposition. Les coopératives forestières, par exemple, recherchent des professionnels pour gérer les bois privés. Il y a aussi une grande pénurie en scierie.”
Une filière qui recrute
En Nouvelle-Aquitaine, le salon de recrutement Forexpo témoigne des besoins de la filière en matière de recrutements. Salon phare de la filière, il aura lieu du 22 au 24 septembre 2021, et s’organisera autour de grands thèmes qui rappellent la diversité des métiers forestiers : services, reboisement-sylviculture, exploitation forestière, bois énergie, transport et logistique. Nouveauté cette année selon Cyril Monneyron, commissaire général de Forexpo : « En 2021, nous allons rajouter un pôle thématique avec les travaux publics. Comme les travaux sylvicoles et l’exploitation forestière, ce nouveau pôle disposera d’une arène où seront présentées les machines en action. La création de ce pôle correspond à une demande réelle.”
Une demande qui devrait être portée par la RE 2020 : cette réglementation environnementale, qui entrera en vigueur le 1er janvier 2022, consacre la place que le bois est amené à occuper dans la construction. A la fois ressource renouvelable et matériau séquestrant du carbone tout au long de sa vie, le bois s’impose comme un matériau clé dans le bâtiment. La filière forêt bois a l’ambition de représenter 20 à 30% des constructions d’ici à 2030. Conséquence : la filière s’est engagée à augmenter ses capacités de production. De quoi entraîner la création de nouveaux emplois, au cœur de la transition environnementale. C’est d’ailleurs ce que confirment les acteurs du secteur dans leur plan Ambition Bois Construction 2030 : “Sur la période des 5 ans à venir, cela représenterait environ 75 000 emplois puisqu’il y aurait 45 000 départs à la retraite à compenser et 30 000 nouveaux arrivants, dans le cadre d’une politique ambitieuse fondée sur la trajectoire programmée par la RE 2020 “.
Se former pour l’avenir
Des métiers nécessaires donc, et demandés. En témoigne la sélectivité de certaines formations, à l’image des BTS en gestion forestière. Saïd Belkacem, coordinateur de la formation en BTS de l’institut Charles Quentin, dans les Hauts de France, confirme : “Nous avons eu 200 demandes cette année, une trentaine a été acceptée. C’est un BTS de bon niveau et difficile, un tremplin pour mener des études supérieures le plus souvent. La plupart de nos étudiants poursuivront avec une licence en gestion durable, cartographie, gestion de l’eau ou encore conseiller forestier.” Une diversité de sujets, à l’image de la diversité des métiers de la forêt. Benoît, commis forestier, a ainsi suivi un BTS technico-commercial en alternance, spécialisé dans les produits d’origine forestière. Il témoigne : “Après trois ans d’expérience sur le terrain, mon patron m’a promu commis forestier. Responsable de l’approvisionnement en bois, je suis la récolte forestière après avoir évalué, choisi et négocié, afin de rapporter le matériau le plus adapté à nos besoins”.
Et les formations se développent sur le long terme, à l’image du premier campus bois-forêt de France qui naîtra dans les Hautes Alpes en 2026. Cette Haute école du bois, de la forêt et de l’architecture de montagne formera des techniciens supérieurs et des ingénieurs de la filière forêt bois. La spécificité de ce campus sera de rassembler toutes les spécialités, bois et forêt, en un même lieu de formation. Florian Court, ingénieur forestier, est à l’initiative de ce projet. Il témoigne : “Je me suis rendu compte du potentiel de la ressource forestière sur les plans économique, écologique et sociétal. Dans les Hautes-Alpes, on manque de jeunes, on est un département très forestier à la ressource diversifiée, du fait d’influences alpines et méditerranéennes, et on possède un pool d’entreprises important avec 300 organismes professionnels dans la filière”.