Un tiers de la production viticole française perdue à cause de la vague de froid
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Le gel non-saisonnier est la « catastrophe agricole du XXIe siècle », car la glace qui suit le temps chaud décime les récoltes de raisin.
Au moins un tiers de la production française de vin, dont le chiffre d’affaires s’élève à près de 2 milliards d’euros, sera perdu cette année après que de rares températures glaciales ont dévasté de nombreuses vignes et cultures fruitières dans toute la France, suscitant des inquiétudes quant à la crise climatique.
« Il s’agit probablement de la plus grande catastrophe agricole du début du XXIe siècle », a déclaré cette semaine le ministre français de l’agriculture, Julien Denormandie, alors que le gouvernement déclarait une « catastrophe agricole » et commençait à préparer des mesures financières d’urgence.
La vague hors saison de gel et de glace a frappé soudainement après un épisode de temps chaud, qui a aggravé les dégâts. La chaleur avait encouragé les vignes et les arbres fruitiers à se développer plus tôt que d’habitude, avant d’être flétris par le froid soudain.
La Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles a déclaré à l’AFP qu’elle pensait qu’au moins un tiers de la production française de vin serait perdue, car certaines récoltes de raisins dans plusieurs des régions viticoles les plus connues de France risquaient d’être décimées.
La destruction a touché une grande partie de la France, notamment Bordeaux, la Bourgogne, la vallée du Rhône et la Provence, endommageant les vignes, mais touchant également les producteurs de kiwis, d’abricots, de pommes et d’autres fruits, ainsi que des cultures telles que la betterave et le colza.
Les viticulteurs se sont battus pendant plusieurs nuits pour tenter de sauver les vignobles, en essayant de réchauffer les champs en allumant des milliers de petits feux et de bougies près des vignes et des arbres. Cela a créé le spectacle extraordinaire du ciel nocturne éclairé par des rangées de flammes entre les vignes.
Michel-Henri Ratte avait réglé des alarmes pendant plusieurs nuits pour allumer des bougies afin de protéger ses 9 hectares de vignobles biodynamiques autour d’Arbois dans le Jura, dans l’est de la France. Mais de fortes gelées, suivies de neige, ont dévasté les premières pousses des vignes.
« Nous avions acheté d’énormes bougies – comme de gros pots de peinture remplis de cire – et nous les avons placées entre les vignes, puis nous avons couru les allumer à 2 heures du matin », raconte-t-il.
« Il y avait encore quelques pousses vertes, mais ensuite la neige est arrivée. C’était catastrophique. Actuellement, nous envisageons une perte de 100 % de la récolte de cette année. Nous saurons dans un mois si quelque chose a survécu. Nous vivons près de la nature, nous sommes habitués à faire face aux changements de temps, mais nous avons été endommagés par des vagues de froid en 2017 et 2019. Le fait que cela se produise tous les deux ans, et que le temps passe rapidement du très chaud au très froid, soulève des questions sur le changement climatique. Ce n’était pas un froid normal, c’était un froid polaire, beaucoup plus intense que d’habitude. »