Monde d’après : la révolution va-t-elle avoir lieu ?
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Entre utopie et retour à la normale, le « Monde d’après » se dessine peu à peu depuis la fin du confinement sans qu’on sache exactement ce qu’il sera. De nombreux dirigeants, entrepreneurs et économistes prédisent pourtant l’avènement d’une nouvelle société. Dans quelle mesure allons-nous changer de modèle économique ?
« Des politiques environnementales bien plus radicales » pour Hélène Valade (LVMH)
D’après une enquête de l’Observatoire Cetelem, 57% des Français sont convaincus qu’avec le déconfinement, leur mode de vie va changer, quand 43% considèrent que cette période est une simple parenthèse dans leur vie. Pour le fondateur de l’Observatoire société et consommation (Obsoco), qui s’exprimait récemment sur France culture, le choc économique lié au Covid-19 pourrait « accélérer la division de la société en deux parts pas du tout égales : ceux qui vont vouloir accélérer la transition vers autre chose » et « ceux qui ont hâte de retrouver le monde d’avant, avec toutes les frustrations que cela risque d’engendrer« .
Une majorité de Français réfléchissent pourtant au Monde d’après et aux bouleversements qu’il va engendrer dans leur vie, dans leur quotidien, et notamment dans leur travail. « Les collaborateurs au sein des entreprises veulent et attendent un certain nombre de ces changements, (…) des politiques environnementales bien plus radicales, bien plus robustes » rappelait, à l’antenne de BFM, Hélène Valade, présidente de l’Observatoire de la responsabilité sociétale des entreprises (ORSE) et Directrice développement environnement chez LVMH.
«Des réformes radicales inversant l’orientation politique» selon le Financial Times
La crise déclenchée par la pandémie du coronavirus a provoqué un moment de sidération suivi d’un foisonnement d’idées nouvelles pour changer durablement notre modèle économique. Même le très libéral Financial Times envisageait dès le début du mois d’avril un changement politique radical : « Des réformes radicales — inversant l’orientation politique dominante des quatre dernières décennies — devront être mises sur la table ».
Pour Hélène Valade (LVMH), les changements à opérer doivent être « des choses très radicales mais pas au sens révolutionnaire ». Selon elle, la politique des « petits pas » ne peut plus suffire aujourd’hui. « Il y a une découverte, pendant cette crise, de la dépendance, notamment en France, de notre pays par rapport à un certain nombre d’autres pour des produits de consommation. (…) Les réponses sont à aller chercher dans d’autres modèles économiques, notamment le modèle de l’économie circulaire ». Une économie circulaire qui permettrait enfin d’accélérer la transition écologique.
Quid de la « violence de la récession économique » ? se demande Pierre-Yves Gomez
« Dans l’incertitude actuelle sur la violence de la récession économique, faut-il retarder ou accélérer la transition écologique ? » se demande Pierre-Yves Gomez, professeur à l’EM Lyon dans une tribune du Monde. Selon cet expert, « la transition énergétique a souvent été présentée, ces dernières années, comme une opposition entre réalistes et idéalistes ou entrepreneurs contre écologistes. Or cette division crée un faux débat car la question n’est pas d’opposer les contraintes économiques aux contraintes environnementales, mais de savoir si la transition énergétique et écologique peut constituer ou non une source de prospérité économique future ». Et de conclure : « Les deux options sont défendues par des entrepreneurs, des économistes et des militants ‘réalistes’. Il convient donc aujourd’hui de trancher ».
Alors… la crise du covid-19 va-t-elle engendrer le Grand soir… ou le retour au monde d’avant ? « Il faut que tout change en même temps : les politiques, les gouvernements, les Etats, les entreprises et les consommateurs, pour retrouver cet équilibre entre nature/environnement, croissance économique et inclusion sociale. C’est une nouvelle harmonie qu’il faut trouver» résume Hélène Valade.
En attendant un monde plus sobre, plus résilient, et plus solidaire.