La France surpasse l’Allemagne alors que la morosité économique de la zone euro s’aggrave
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La France a vu sa production nationale augmenter de 0,3% au troisième trimestre – défiant des prévisions donnant une croissance légèrement plus lente – alors que le chômage en Allemagne a augmenté plus rapidement que prévu et que ses chambres de commerce avaient prévenu que les exportations diminueraient pour la première fois depuis le début des inquiétudes concernant une crise financière.
La nouvelle directrice de la Banque centrale européenne, Christine Lagarde, a pour sa part exprimé des demandes – déjà formulées par son prédécesseur, Mario Draghi – à l’Allemagne pour que le pays utilise une partie de ses excédents budgétaires pour investir dans des mesures de renforcement de la croissance.
« Ceux qui ont une marge de manœuvre, ceux qui ont un excédent budgétaire, c’est-à-dire l’Allemagne, les Pays-Bas, pourquoi ne pas utiliser cet excédent budgétaire et investir dans les infrastructures ? … Pourquoi ne pas investir dans l’éducation, pourquoi ne pas investir dans l’innovation, pour permettre un meilleur rééquilibrage ? », a-t-elle ainsi déclaré à la chaîne de télévision française RTL.
Le ministre allemand des Finances, Olaf Scholz, qui peut espérer 4 milliards d’euros de recettes fiscales de plus cette année, a écarté cette idée, indiquant que Berlin en faisait déjà assez, mentionnant des niveaux record d’investissements publics.
« Il est clair que beaucoup de gens attendent de nous un important effort d’investissement et c’est pourquoi j’ai souligné au début que le budget fédéral prévoyait déjà des investissements plus importants », a déclaré M. Scholz.
Le ministre n’a également montré aucune volonté d’abandonner la politique de budget équilibré de son gouvernement, afin de ne pas créer de nouvelle dette, pour d’autre part augmenter les investissements publics en empruntant conformément aux règles budgétaires allemandes inscrites dans la Constitution qui permettent un faible déficit budgétaire.
Dynamisme français
L’économie française, qui dépend depuis longtemps davantage de sa consommation intérieure que son voisin du nord, a bénéficié de l’injection par le président Emmanuel Macron de 10 milliards d’euros de relance pour apaiser les manifestations des « gilets jaunes » cette année.
La majeure partie de cet argent a servi à augmenter les prestations des travailleurs rémunérés au taux minimum. Paris a également annoncé qu’il réduirait les impôts de plus de 10 milliards d’euros l’année prochaine.
« Parallèlement, les mesures adoptées ces dernières années (…) ont contribué à assouplir le marché du travail français et à réduire les coûts de main-d’œuvre des entreprises », déclare Raphael Brun-Aguerre, de JP Morgan, à propos des réformes entreprises sous le prédécesseur d’Emmanuel Macron, François Hollande, et poursuivies par le président actuel.
Une lecture séparée par la Commission européenne à Bruxelles montre que le climat économique dans les 19 pays de la zone euro s’est détérioré en octobre pour le deuxième mois consécutif, le pessimisme de l’industrie s’étendant aux services et aux consommateurs.
Une analyse détaillée indique que le moral était en berne en Allemagne pour le deuxième mois consécutif et à son plus bas niveau en plus de six ans. La France a également connu une légère baisse de confiance, mais est restée supérieure à la moyenne de la zone euro.