La finance verte au service de la rénovation énergétique des bâtiments français
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Alors que le ministère de la Transition énergétique a fait de la rénovation du parc immobilier une priorité, de nombreux dispositifs autour de la finance verte commencent à voir le jour.
Le 26 avril 2018, Nicolas Hulot annonçait le démarrage d’un vaste plan visant à améliorer le bilan énergétique des bâtiments français. Après plusieurs mois de concertation, le ministre de la Transition écologique et solidaire affichait des objectifs ambitieux : un quart des bâtiments de l’État rénovés, jusqu’à trois milliards d’euros de prêts aux collectivités locales via la Caisse des dépôts, mais aussi la neutralité carbone en 2050, et « la rénovation de 500 000 logements par an dont la moitié occupée par des ménages aux revenus modestes ».
Un enjeu crucial de rénovation des bâtiments
Un chantier prioritaire donc, au vu de certains chiffres alarmants. En effet, 31% des émissions de gaz à effet de serre sont générées par le secteur du bâtiment et près de 15 millions de foyers consomment 6 à 9 fois plus d’énergie que les normes définies par la réglementation thermique 2012 (RT2012).
De nombreux dispositifs d’aide existent déjà, avec pour but d’encourager les particuliers à franchir le pas de la rénovation. Et certaines start-up spécialisées dans le numérique apparaissent alors comme des alliées de poids, facilitant la bonne compréhension de ces dispositifs. C’est le cas par exemple d’Archioline, qui en plus de résumer toutes les aides proposées – crédit d’impôt à la transition énergétique, éco prêt à taux zéro, aides de l’Agence nationale de l’habitat (ANAH), prime énergie et certificats d’économie d’énergie, pacte énergie solidarité et les aides locales – met en place un programme personnalisé afin d’optimiser la rénovation énergétique en prenant en compte les différentes caractéristiques du bâtiment. « On propose un programme, on aide à remplir le dossier en y renseignant les aspects techniques du projet, de même qu’on leur fournit un tableau d’amortissement qui indique les économies futures sur leurs factures d’énergie. La valeur d’un patrimoine rénové peut rapidement croître de 5%. » explique le directeur général Grégoire Leveque.
Le fort potentiel des obligations vertes
Mais un autre dispositif, amorcé depuis 2007, pourrait se révéler comme un allié de premier choix : les green bonds. Le France fait en effet figure de tête de file pour ces emprunts obligataires à destination de projets écologiques puisqu’elle occupe la troisième place mondiale, derrière les Etats-Unis et la Chine.
Or, depuis juin 2018, le ministère de Nicolas Hulot a décidé d’étendre le label Transition énergétique et écologique pour le climat aux fonds immobiliers. Une décision qui devrait permettre d’augmenter massivement les montants investis dans la rénovation des bâtiments. L’objectif affiché du ministère est par cette extension de permettre la « labellisation et la création de nouveaux fonds verts dédiés à l’immobilier, acteur incontournable de la transition écologique et solidaire »
Dans la droite ligne de cette ouverture, la ville de Paris a annoncé la création de « Paris fonds verts » qui avait déjà levé près de 100 millions d’euros début juillet 2018, et table, à terme, sur le double. Pour bénéficier d’un financement, les entreprises concernées devront justifier de leur apport dans des domaines liés à la transition écologique, parmi lesquels la transition vers un parc immobilier durable.
Les pouvoirs publics au coeur de la finance verte
Selon Xavier Girre, directeur exécutif en charge de la direction financière groupe chez EDF, ces initiatives participent à faire des villes et des territoires des « prescripteurs qui veulent conduire leur transition énergétique ».
« Abritant désormais plus de la moitié de la population mondiale, les villes et métropoles ont un rôle clé à jouer dans la lutte contre le réchauffement climatique. Elles ont aussi à faire face à des enjeux importants afin d’améliorer la qualité de vie des habitants » ajoute-il. On comprend donc l’importance de la rénovation des bâtiments, dont la concentration est sans doute la caractéristique première des grandes villes.
Toutefois, il semble nécessaire d’exercer un certain contrôle sur ce vaste mouvement de financement de projets écologiques. « Alors que les engagements pris dans le cadre de l’Accord de Paris sur le climat exigent de mobiliser des ressources sans précédent, les marchés financiers s’imposent comme une source de financement capitale » explique la Banque mondiale. Les green bonds doivent être considérés comme une option « dont disposent les entreprises du secteur privé et les établissements publics soucieux de soutenir des investissements respectueux du climat et de l’environnement -».
Conscients du potentiel de ces obligations particulières, mais aussi des dérives possibles avec la mise en avant d’une sorte d’écologisme de surface à des fins purement financières ou d’image, les pouvoirs publics français ont commencé à mettre en place des mesures de vérification. La loi de transition énergétique, par exemple, oblige les gérants d’actifs à dévoiler les chiffres de décarbonisation de leur portefeuille.
« C’est tout un cercle vertueux qui va de l’État à l’opinion publique en passant par les grandes entreprises », analyse Victoria Clarke, responsable des green bonds chez HSBC Europe.
« De par son excellence technologique, ses savoir-faire et son engagement dans la finance verte, notre pays dispose d’une belle carte à jouer » estime encore Xavier Girre. Et le bâtiment apparaît très clairement comme une opportunité pour la France de faire figure de modèle, alors que plus d’un tiers des financements verts de l’Etat lui sont consacrés.