Quelles solutions face à l’augmentation de la demande énergétique ?
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La consommation mondiale d’énergie devrait de nouveau augmenter de manière significative d’ici à 2040, cela malgré les efforts entrepris en termes d’efficacité énergétique. Le dernier rapport de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) publié le mardi 10 novembre dernier est en effet sans appel. L’évolution de nos consommations et l’augmentation des populations entraîneront une hausse de près de 30% de la demande énergétique et nécessiteront le recours accru à l’ensemble des sources d’énergie décarbonée, afin d’éviter un nouveau regain des émissions de gaz à effet de serre.
L’augmentation de la demande mondiale d’énergie
Les effets des émissions de CO2 sur l’environnement et le climat ne font plus aucun doute. Le dernier rapport du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental des Nations unies) sur le changement climatique démontre la responsabilité des rejets de gaz liés à l’activité humaine pour plus de la moitié de la hausse des températures mondiales et le risque croissant d’une augmentation du niveau global des mers d’ici 2100.
Une situation critique actuellement débattue au Bourget et qui pourrait bien empirer compte tenu de l’évolution des consommations énergétiques prévue dans les décennies à venir par l’AIE. En effet, si la hausse des besoins en énergie devrait ralentir, se stabilisant à un rythme de croissance annuelle de 1%, elle poursuivra néanmoins sa progression entraînant logiquement une forte augmentation de la production d’électricité.
Or, les combustibles fossiles, charbon en tête, constitueront toujours à l’horizon 2040 une part significative du mix énergétique mondial (environ 30% du mix électrique), malgré les avancées technologiques et la forte croissance des moyens de production solaires et éoliens à l’échelle internationale. Les énergies renouvelables compteront elles aussi pour plus de 30% de la production mondiale et constitueront bien sûr des solutions d’avenir incontestables.
Pour autant, les problèmes liés à l’intermittence de ces productions et au stockage de l’énergie empêchent toujours de les considérer comme la seule alternative envisageable pour supporter les exigences de la transition énergétique à venir. L’urgence des enjeux climatiques actuels impose une limitation rapide et drastique des émissions de gaz à effet de serre, et l’ensemble des sources de production d’électricité décarbonées devront être mises à profit pour remplacer les combustibles fossiles.
L’énergie nucléaire, une énergie de complément indispensable
Le bouleversement de nos systèmes énergétiques lié aux mouvements de transition engagés un peu partout dans le monde devrait donc logiquement remettre la production électronucléaire au premier plan. Sa production stable, bon marché et non émettrice de CO2 apparaît en effet des plus adaptées aux nouveaux enjeux énergétiques du 21ème siècle, et permettrait d’accompagner durablement la maturation technologique des énergies renouvelables.
Une position défendue aujourd’hui par de nombreux scientifiques et climatologues dont James Hansen, père du changement climatique et ancien directeur du Goddard Institute de la Nasa, et Tom Wigley, célèbre climatologue de l’université d’Adélaïde. Ces derniers étaient présents à Paris à l’occasion de la COP21 le vendredi 4 décembre dernier, et ont plaidé une nouvelle fois pour « une expansion majeure de l’énergie nucléaire », seul moyen selon eux d’atteindre l’objectif de limitation des températures mondiales à 2 °C.
Considérant la demande croissante d’énergie à l’échelle mondiale comme un fardeau bien trop lourd à porter pour la nature et l’environnement, ces scientifiques estiment qu’il est aujourd’hui nécessaire de recourir davantage à l’énergie nucléaire et de l’accepter comme un élément incontournable du mix énergétique futur. Le rôle de l’énergie nucléaire dans la réduction indispensable des gaz à effet de serre, la sécurité de l’approvisionnement énergétique, la croissance de la population et la demande d’électricité dans le monde en développement, associés à la volatilité des prix des combustibles fossiles, ne peuvent plus être ignorés et font de l’atome la meilleure solution à court terme.
« Chaque jour dans le monde, la pollution issue de la combustion d’énergies fossiles tue 10.000 personnes. L’énergie nucléaire est beaucoup plus sûre », a déclaré James Hansen. Dans une étude publiée en 2013, il avait par ailleurs estimé qu’entre 1971 et 2009, l’énergie nucléaire aurait permis d’éviter 1,8 million de décès. Un chiffre obtenu en comparant le bilan sanitaire du nucléaire à celui des énergies fossiles. Selon ses calculs, si d’ici 2050 le charbon remplaçait le nucléaire, le monde compterait entre 4 et 7 millions de décès supplémentaires.
En parallèle, de multiples analyses et enquêtes sur les enjeux du changement climatique opérées par l’AIE ou l’ « US Energy Information Administration », ont toutes démontré sans exception la nécessité de développer un portefeuille de technologies énergétiques diversifié laissant une large place à l’énergie nucléaire.